Lévinas – de l’échec du rapport au monde à l’éthique
« La question de la psychopathologie est inscrite dans le développement même de la philosophie de Lévinas. Ce moment pathologique se résumera dans le concept du non-sens irreprésentable. » L’éthique consistera « dans le projet du dépassement du non-sens et de la refondation du sens »
Hyperbole. Pour une psychopathologie lévinassienne (2008)
Yasuhiko Murakami
Lévinas phénoménologue
La façon commune de définir la pensée de Lévinas comme éthique (terme promu par Lévinas lui-même dans le but de se démarquer des philosophies de la conscience) méconnait son ancrage dans la sensibilité. La particularité de l’éthique lévinassienne est qu’elle ne se fonde pas sur la volonté ou sur la raison comme chez Kant, mais sur la corporéité en deçà de la conscience. En ce sens Lévinas est non seulement phénoménologue, mais il radicalise le projet husserlien qui cherche à montrer les relations de la pensée au sensible en mettant entre parenthèse les évidences de l’expérience commune. Par conséquent, pour comprendre les rapports inextricables qui lient le sujet à l’altérité il ne faut pas se référer d’emblé à la métaphysique et à la morale, mais il faut revenir à la sensibilité et à la corporéité qui est son lieu. Yasuhiko Murakami, philosophe et psychiatre, dans son livre Lévinas phénoménologue, se donne pour tache d’interpréter toute l’œuvre de Lévinas dans la lumière de la phénoménologie et ouvre à partir de là de nouvelles perspectives d’interprétation de cette œuvre tout à la fois philosophiques et psychopathologiques. Celle-ci se présente dès lors comme une phénoménologie de la facticité humaine fondée sur la corporéité.
Dans l’expérience ordinaire du monde la sensation est toujours médiatisée par la perception qui la rattache à la connaissance et permet une appropriation des étants par un sujet souverain dans sa maitrise; si le monde est compréhensible pour nous, c’est que nous percevons des objets dotés de qualités sensibles sans avoir jamais rapport au sensible en tant que tel. Or, la grande originalité de Lévinas phénoménologue est, selon Murakami, dans le fait que non seulement il distingue la sensation de la perception, mais il met entre parenthèse la perception et dégage le vécu sensible à l’état pur. Cette mise entre parenthèses n’est pas un artefact de l’imagination du philosophe, elle n’est pas un geste théorique qui laisse intacte le monde qu’il a écarté ; c’est une expérience concrète d’effondrement du monde où toute distinction entre sujet et objet est détruite. Cette expérience Lévinas la thématise comme il y a.
« Imaginons le retour au néant de tous les êtres : choses et personnes. Allons-nous rencontrer le pur néant ? Il reste après cette destruction de toutes choses non pas quelque chose, mais le fait qu’il y a. L’absence de toutes choses retourne comme une présence. Comme le lieu où tout a sombré, comme une densité d’atmosphère, comme une plénitude du vide ou comme le murmure du silence. » TA 25-26[*] Et ailleurs : « Cette ‘consumation’ impersonnelle, anonyme, mais inextinguible de l’être, celle qui murmure au fond du néant lui-même, nous la fixons par le terme d’il y a. L’il y a dans son refus de prendre une forme personnelle est l’être en général ».EE 93-4
Là où le rapport aux objets clairs et articulés est aboli le vide de l’espace retourne comme une présence, comme une « insondable profondeur », comme une sourde menace. Le tout compréhensible du monde dégénère en « l’être irrémissible et sans issue ». Le monde cassé laisse apparaitre non pas le néant mais la profondeur anonyme de l’il y a, le sensible à l’état pur, dégagé des objets qui le supportent.
Il faut insister sur le fait qu’ici le geste phénoménologique de mise entre parenthèses, au lieu d’être un acte théorique nécessaire à la stratégie de l’explicitation d’une pensée se solde par un échec effectif du rapport au monde. C’est sur ce constat que Murakami base son interprétation de Lévinas. La cassure du monde est une épreuve concrètement vécue qui nous livre à l’être brut et irrémissible rétif à toute récupération en sens, qui marque un excès du réel sur le sens. A diverses étapes de son trajet Lévinas cherche tout à la fois à exprimer cet excès et à le mettre en perspective pour dégager la dimension de l’éthique : (traumatisme de l’autre dans le même, le plus dans le moins, supporter l’insupportable, passivité plus passive que tout passivité).
Le non-sens comme lieu de l’éthique
S’il est vrai qu’on retrouve la notion de l’il y a tout au long de l’œuvre de Lévinas, on peut constater selon les contextes des connotations différentes : tantôt l’il y a est présenté comme l’horreur de l’être anonyme qui dissout toute identité, tantôt il s’inscrit dans le registre de l’éthique comme le « poids que pèse l’altérité supportée par une subjectivité qui ne la fonde pas » AE, 209, et qui dès lors a une valeur instituante pour l’éthique.
Dans un premier temps l’épreuve de l’il y a est vécue comme dissolution de la subjectivité, échec du rapport au monde, dans un second temps l’il y a est la condition de la possibilité de l’institution de la subjectivité comme éthique.
Cette ambigüité non seulement ne doit pas dérouter, mais elle doit permettre de problématiser la pensée de Lévinas en lui donnant corps à partir de son lieu si souvent passé sous silence, qui est son ancrage dans la sensibilité. Il s’agit d’établir l’affectivité de l’il y a comme le lieu de l’éthique .
Tout ce qui tombe hors sens (l’être non médiatisé par le sens) me dépersonnalise comme sujet institué, mais aussi m’affecte « comme un traumatisme » et creuse la dimension de l’affectivité en deça de ce qui est récupérable par la connaissance. Le moi est dépossédé de ses atouts, mais un Soi se creuse dans la patience du supporter et s’oriente déjà vers l’autre.
Le Soi vacille entre l’effondrement dans l’horreur de l’il y a et le traumatisme de l’affection par l’autre qui l’oriente éthiquement.
Lévinas insiste sur cette affection. Là où l’institution symbolique échoue à faire son rôle de promotion de sens, le non-sens qui m’affecte au delà de toute compréhension peut être le déclencheur d’une orientation vers l’autre. Cet échec et ses possibles prolongements psychopathologiques, d’une part, et l’affection comme orientation, d’autre part, sont les deux versants d’interprétation que Murakami met en relief. L’origine affective de l’éthique lévinassienne permet d’expliquer des cas de maladies mentales dus tout à la fois l’échec du rapport au monde et à l’échec du rapport à autrui avec la possibilité toutefois que l’effondrement du monde soit un point de départ pour un rapport privilégié à l’autre. Ce n’est cependant pas sur le plan empirique que ce rapport à l’autre peut trouver sa justification et son bien fondé philosophique.
Le non-sens de l’il y a et la passivité
Cette crise du sens que Lévinas met au centre de l’affectivité comme affectivité d’emblée excédée par un autre incontenable, loin de désigner une démission ou une faiblesse marque, comme on l’a dit, un tournant de l’ordre de la conscience comprenante vers l’ordre de l’éthique. La rupture du sens comme échec du rapport au monde est nécessaire à l’instauration de la signifiance éthique. L’épreuve de l’il y a est le lieu de cette instauration. L’horreur comme affectivité n’est plus un symptôme pathologique si elle permet une ouverture vers l’autre. Ainsi Lévinas peut affirmer que « l’absurdité de l’il y a en tant que supportée signifie » AE, 208. Il en ressort donc que sans l’absurdité de l’il y a qui rend possible la passivité du supporter il n’y aurait pas de signifiance ; l’accès à l’autre serait bouché par la compréhension de l’être. C’est pourquoi la passivité comme emphase du supporter traverse de fond en comble l’affectivité lévinassienne. En tant qu’elle est débordée par ce qu’elle supporte l’affectivité est toujours excédée par elle-même et, pour supporter cet excès, il lui faut une passivité « plus passive que toute passivité ». Cette passivité hyperbolique ou emphatique est la notion clé de l’éthique de Lévinas. Par elle, « la sensibilité dans son obtusité même et dans son épaisseur », comporte une « signification et une sagesse propre » EDE 118 et, nous pouvons ajouter, une itération immanente qui en fait une méthode d’accès à l’autre. Par là Lévinas non seulement montre le privilège qu’a l’affectivité dans sa pensée, mais il lui donne un rôle décisif dans la production du sens. Si l’excès du réel sur le sens affecte l’homme sans entrer dans la conscience, sans se transformer en savoir du non-sens, ce en quoi consiste l’échec du rapport au monde, ce n’est pas de l’ordre du savoir ni de celui de la compréhension qu’on pourra attendre une réhabilitation du sens, mais de l’ordre de l’affectivité qui dans l’œuvre de Lévinas s’identifie à la passivité.
Pour pouvoir entrer dans le champ topologique de l’éthique il faut donc passer du registre de la connaissance au registre de la passivité comme rapport à l’autre. Il faut insister sur ce passage. Dans ce nouveau éclairage, l’il y a qui est le fait de la cassure du monde est aussi « le poids que pèse l’altérité». Le supporter n’est pas un pis aller là où échoue le savoir, mais la façon positive de se rapporter à l’autre, d’accueillir un excès qui n’entre pas dans la conscience, qui fait souffrir comme incompréhensible. Tout ce qui n’est pas compris, ramené au Même de la conscience, pèse comme autre et fait souffrir. Mais qu’est-ce que l’être si ce n’est la façon de neutraliser d’ores et déjà cette souffrance en inscrivant l’autre dans le même, et inversement, qu’est-ce que l’autre si ce n’est ce qui ne s’inscrit pas ? Or l’affectivité chez Lévinas est non seulement transie par un excès de non-sens, mais celui-ci, à défaut de pouvoir être assumé, agit comme intensification de la passivité. C’est ainsi que la « souffrance inutile » creuse la profondeur de la sensibilité et dégage un Soi excédé par l’autre où s’ébauche un sujet de pure passivité enracinée dans la corporéité et qui s’identifie à contre-courant du moi effondré. « Dans ce débordement du sens par le non-sens, la sensibilité – le Soi- s’accuse seulement dans la passivité sans fond comme pur point sensible comme désintéressement ou subversion de l’essence. » AE 208-209
L’institution du sujet éthique – l’articulation entre l’il y a et le Dire
Par delà tout ce qui a été dit, l’irréductibilité de l’expérience de l’il y a, l’échec toujours possible du rapport au monde, oblige à revenir à la question de l’articulation de l’il y a à l’éthique. La particularité de Lévinas on l’a vu, consiste à promouvoir la signifiance éthique à partir de l’expérience concrètement vécue du non-sens. Le passage du non-sens au sens ou la réhabilitation du sens à partir du non-sens se fait dans la défaillance, ou la mise hors circuit – qui est aussi mise en échec – de l’institution symbolique. La faillibilité de l’institution pointe vers la nécessité de mettre l’accent sur l’activité instituante. La symbolicité doit donc être réinstituée à partir de son échec. Le retour à l’ordre symbolique ne se fera pas par une ultime récupération en sens qui déforme de façon cohérente le vécu individuel, mais par une refondation du sens à partir de son effondrement.
L’expérience de la dissolution du monde et du sujet doit devenir le moment constitutif de l’instauration de la subjectivité comme éthique et de la réinstitution d’un monde fondé sur le rapport à l’autre. Lévinas philosophe se doit d’effectuer tout le parcours à partir de la faillite du sens jusqu’à sa restitution, ménager le passage entre la passivité comme facticité enracinée dans le corps et l’éthique symboliquement codée comme discours. L’originalité et le paradoxe de la pensée de Lévinas est de fonder le discours dans la sensibilité, en deça du savoir.
« C’est une notion de la subjectivité indépendante de l’aventure du savoir et où la corporéité du sujet ne se sépare pas de la subjectivité. » AE, 125. Mais comment un sujet, maitre de sa parole, peut-il être indépendant de l’aventure du savoir ? Comment la corporéité excédée par une souffrance inutile, peut-elle engendrer une parole ? Cette question nous renvoie à l’épreuve de l’il y a. Si l’absurdité de l’il y a en tant que supportée signifie, c’est que la passivité a opérée une inversion de la souffrance par l’autre en souffrance pour l’autre. Si l’il y a nous fait entrer dans le champ topologique de l’éthique c’est que la souffrance inutile a eu une valeur positive d’inversion de l’être vers un autrement qu’être. Le sujet est la preuve et la légitimation de cette inversion. Le langage ne se greffe pas à cette expérience comme un récit de ce qui a été éprouvé dans le mutisme de la sensibilité. La parole, le Dire, est le moment paroxystique de cette expérience même, son dénouement. Il est l’achèvement de ce que Lévinas appelle intrigue éthique, intrigue qui se joue entre le même et l’autre où le même se découvre entièrement voué à l’autre qui l’identifie comme sujet.
N’empêche que le sujet lévinassien est exposé à la menace effective. Cette menace lui ouvre la possibilité d’une conversion à l’autre qui signifie un autre commencement (du discours, de l’être), mais le livre aussi à l’éventualité d’un échec. L’éthique s’incarne dans le sujet naissant au seuil de l’effondrement, dans le vacillement entre l’il y a et le Dire. Entre la menace de l’il y a qui le voue au mutisme et l’irruption d’une parole incarnée, germée dans la chair, qui l’identifie comme un Soi voué à l’Autre et comme sujet d’un Dire dont le Dit sera thématisation du monde.
Le monde inhabitable
Par son recours à la sensibilité et à la souffrance pour la constitution du sujet, et par sa défiance du savoir comme mode de rapport au monde, la pensée de Lévinas ne prend pas la forme d’un système fermé, mais ouvre une béance au sein de l’identité. Si l’épreuve du non-sens est la condition de possibilité de l’accès à la signifiance éthique, cette épreuve à l’endroit où elle se vit n’en reste pas moins une souffrance sans recours où l’institution du sujet peut échouer. Le discours philosophique préserve le hiatus entre le vécu sensible exposé à l’horreur du non-sens et le Dire qui réinstitue le sens et le transmet dans la continuité de son Dit. Mais le discours indissociable de la sensibilité exige une refondation perpétuelle à partir de ses ruptures.
Chez Lévinas la cassure du monde n’est jamais définitivement surmontée. La fragilité intrinsèque de l’institution symbolique à l’endroit du sujet a son répondant dans l’Histoire. L’Histoire récente nous a montré que le monde fondé sur la raison peut subir une catastrophe totale et que les valeurs millénaires ne garantissent pas la civilisation contre le désastre. Le désastre de la Shoah marque une rupture de l’Histoire et pose le problème de la transmission des valeurs.
« Il y a un quart de siècle notre vie s’interrompit et sans doute l’Histoire elle-même Aucune mesure ne venait plus contenir les choses démesurées. Quand on a cette tumeur dans la mémoire vingt ans ne peuvent rien y changer. » NP, 142. La béance du désastre passé ne s’inscrit pas dans la mémoire symbolique mais résiste comme une tumeur à toute récupération en sens. La Shoah signifie pour Lévinas la potentialité permanente de la catastrophe. A n’importe quel moment la civilisation peut disparaitre et le monde peut devenir inhabitable. L’échec de l’expérience du monde comme une possibilité du vécu individuel risque de s’actualiser dans l’Histoire comme un échec effectif où les valeurs de ce monde deviennent inutilisables et dérisoires. La transmission de l’institution symbolique se heurte alors à une irrécupérable rupture de sens, car le non-sens passé ne peut pas devenir à son tour un sens pour la mémoire. Cette irrécupérable rupture de sens exige une refondation de l’institution elle-même à partir de son effondrement. Non pas un retour des mêmes valeurs mais le retour de la valeur elle-même, l’institution d’un nouveau commencement. Tout au long de l’œuvre de Lévinas on retrouve ce geste de rupture et de recommencement. L’horreur et l’inhumain comme possibilités intrinsèques du vécu individuel et historique font appel non pas à la raison philosophique mais à l’humanité de l’autre homme : «… appel originel à l’aide, au secours curatif, au secours de l’autre moi dont l’altérité, dont l’extériorité promettent le salut. » EN, 109-110. Par delà son sens empirique qui reste toujours possible, cet appel à l’aide a une valeur fondatrice en tant qu’il signifie l’orientation vers l’autre qui délivre le moi de son enfermement en soi et l’institue comme singularité et comme Dire. Le sujet comme parole adressée à l’autre est une tentative toujours réitérée de réinstituer le sens au bord du non-sens et d’instaurer un nouveau commencement. La menace du non-sens et le rapport interhumain sont les deux moments clés qui déterminent le champ topologique de l’éthique à partir de la ruine toujours possible du monde.
Lévinas et la psychopathologie
La relation inextricable entre l’expérience du non-sens irréductible et le rapport inter-humain rend la pensée de Lévinas particulièrement importante pour la question de la psychopathologie. La sensibilité qui, débordée par un excès du réel sur le sens, traverse une phase mutique où elle n’est pas encore symboliquement codée, s’invertit en responsabilité pour l’autre et devient le lieu de la gestation de la parole. Le passage du non-sens à l’éthique se fait sans la médiation de la conscience comprenante. Entre l’insignifiabilité du réel et la signifiance éthique s’établit une affinité qui ne s’appuie ni sur le savoir ni sur la compréhension. « Lévinas intuitionne la voie de l’institution de l’ego à même le réel »… Tout cela soulève des questions qui avant de se solder par des réponses demandent à être mises en pratique et vérifiées dans des sphères autres que la philosophie. A une époque où l’horreur nue de l’être ne se vit plus sous les traits de l’exceptionnel, où des pans entiers de la sensibilité individuelle risquent de se fourvoyer hors langage dans un non dit inavouable, la pensée de Lévinas offre la possibilité d’une refondation du sens et du langage à partir de l’inter-humain qui s’inscrit dans la structure même de la subjectivité. L’éthique de Lévinas offre une base phénoménologique pour l’interprétation des maladies mentales au moins aussi efficace que celle de la Daseinsanalyse à partir de la pensée de Heidegger. Dans son ouvrage Hyperbole – pour une psychopathologie lévinassienne Yasuhiko Murakami effectue une analyse ponctuelle de cas d’autisme, de psychose, de traumatisme psychique à partir de la phénoménologie de la sensibilité et de l’altérité dans l’œuvre de Lévinas.
Harita Wybrands
Bibliographie :
Yasuhiko Murakami : Lévinas phénoménologue (Jérôme Millon, 2002)
Yasuhiko Murakami : Hyperbole. Pour une psychopathologie lévinassienne, 2008.
Lévinas :
TA ; Le temps et l’autre, Montpellier, Fata Morgana, 1948, Paris, PUF, 1989
EE ; De l’existence à l’existant, Paris, J. Vrin, 1947
AE ; Autrement qu’être ou au-delà de l’essence, La Haye, M. Nijhoff, 1974
EDE ; En découvrant l’existence avec Husserl et Heidegger, Paris, J. Vrin, 1949
NP ; Noms propres, Montpellier, Fata Morgana, 1975